Voilà quinze ans que l’Union Nationale Lycéenne s’est créée. L’UNL a grandit, fait ses expériences, ses preuves. Malheureusement, nous sommes aujourd’hui contraint de constater que l’UNL ne cesse de s’enfoncer dans des problèmes internes toujours plus graves. En plus d'oublier les militants, le Bureau National de l'UNL, oublie d'œuvrer pour le rassemblement à Gauche. C'est bien beau de parler d'union de la gauche, de convergences des luttes, d'unité, mais l'unité commencera par l'entente et le rassemblement des lycéens de Gauche. Il clair que taper sur la FIDL, SUD-Lycéen ou Force Lycéenne est facile mais il est bien plus difficile de rassembler, d'unir les forces contre la politique gouvernementale qui détruit notre service public d'éducation. Chaque jour, notre principale préoccupation doit être de nous demander comment combattre la politique de la droite qui supprime des postes dans l'éducation, qui accroit les inégalités entre les Français et qui renvoie des lycéens chez «eux».
L'unité est-elle possible en conservant une organisation qui dépend d'un courant politique et qui doit lui rendre des comptes ? L'Unité est-elle profitable aux lycéens sans une démocratie interne solide ?
L'Unité doit-elle se contenter d'une «union de syndicats» ou doit-elle aller plus loin ?
Ce sont ces questions qui doivent nous guider : sans une réelle démocratie interne, pas d'unité, et sans unité, nous laissons le champs libre à la droite. Il est donc essentiel pour nous de nous battre pour promouvoir une démocratie interne solide, ensuite, de lutter pour une union des lycéens de Gauche. En effet, si une minorité dirige une organisation sans entendre la parole des lycéens engagés, ces derniers seront moins enclins à se battre pour des idées qui ne sont pas les leurs mais celles de quelques uns qui parlent au nom des autres sans aucune consultation. C'est en luttant pour une grande union démocratique et unitaire qui fasse le rassemblement que nous réussirons à changer les choses.
Alors que la crise économique mondiale démontre l'échec du modèle de société qu'on nous impose et au moment où nos dirigeants en France et dans l'Europe entière se bornent à privatiser l'éducation, il est de notre devoir de nous unir pour nous opposer à ces volontés de marchandisation de l'éducation. On supprime des postes de professeurs, on privatise nos établissements, on n'incite plus les élèves à penser par eux mêmes, on dénigre les enseignements ouverts sur la société : nous ne pouvons rester là, les bras croisés, sans réagir devant cette destruction de l'éducation Française.
Cette union des lycéens de gauche ne peut se faire sans une pluralité des opinions. Un seul courant politique ne peut faire le rassemblement tout seul. Il est important que tous les lycéens se reconnaissant dans les valeurs de gauche et ayant l'envie de s'engager, s'unissent et soient tous entendus.
Les lycéens doivent avoir leur mot à dire et doivent pouvoir s'exprimer. C'est donc par l'indépendance syndicale, que nous réussirons à dire «non» aux valeurs conservatrices et sécuritaires (expulsions de lycéens sans papiers, fouilles des sacs devant les lycées, dénonciation de délits par internet, carte scolaire qui ne joue pas son rôle d'outil permettant mixité social) et libérales (volonté de marchandisation de l'éducation, suppressions massives de postes de professeurs) du gouvernement et «oui» à un syndicat ouvert, démocratique, nouveau et capable d'être à l'image des évolutions de toute la société pour proposer une alternative à cette politique qui parfois, donne envie de vomir. Ainsi, je ne crois pas comme Nicolas Sarkozy «qu'Ensemble, tout est possible» (car ensemble, même avec la meilleure volonté du monde, tout n'est pas possible) mais plutôt que l'Union fait la force : c'est par l'union que nous réussirons à nous opposer à la politique gouvernementale.
S'il n'y a pas d'indépendance syndicale, certains lycéens peuvent se sentir délaissés par leur «direction nationale» qui agirait contre leurs idées en calquant ses actions sur celle d'un courant politique. Des communistes aux sociaux-démocrates en passant par les «indépendants», l'union est possible, encore plus lorsqu'il s'agit de l'éducation.
L'Unité n'est donc pas possible sans une indépendance et logiquement sans pluralité des opinions. C'est à nous de défendre cette indépendance et encore à nous de promouvoir la diversité des opinions, des idées en nous opposant à toute dépendance vis à vis d'un courant politique. C'est seulement une fois que nous aurons gagné le combat de l'indépendance que nous réussirons à faire l'union des lycéens de gauche.
L'indépendance, une fois acquise, doit nous amener à instaurer une démocratie interne dans les organisations lycéennes. Nous ne pouvons pas choisir de donner tout le pouvoir à une direction nationale et de créer des organisations de «supporters», c'est à dire des organisations où le Bureau National prendrait toutes les décisions et où les lycéens ne feraient que suivre derrière. Au contraire, il est important que les militants puissent s'exprimer, donner leurs opinions et que celles-ci soient entendues : il s'agit de leur syndicat !
Sans aller jusqu'à une auto-gestion, qui serait désastreuse pour les organisations lycéennes parce qu'elle ne permet pas une réelle unité, mais plutôt une juxtaposition de fédérations qui prennent parfois des décisions incohérentes et non coordonnées, il est important de défendre la démocratie interne parce que dans les syndicats lycéens, ce sont tous les lycéens qui doivent avoir le pouvoir, pas quelques lycéens désignés de manière arbitraire et non transparente.
Une vraie unité passe par la démocratie interne parce qu'elle permet que ceux qui représentent les organisations syndicales dans les médias, auprès des partenaires soient en «phase» avec les militants et qu'ils ne prennent pas de décisions importantes sans en avoir préalablement discuté avec les militants.
Les syndicats lycéens de Gauche donnent une image de renfermement sur eux-mêmes, de sclérose et de division : si on ne donne pas le pouvoir aux militants, on ne réussira jamais à faire évoluer les syndicats lycéens afin qu'ils soient capables de s'opposer aux mesures gouvernementales. C'est pourquoi, il est nécessaire d'ouvrir les organisations lycéennes afin qu'elles soient au cœur de la société : les lycéens qui s'y engagent sont souvent des lycéens qui viennent de milieux déjà sensibilisés aux enjeux politiques, économiques et sociaux. Les lycéens syndiqués sont pour beaucoup issus de milieux aisés ou disposant d'un capital culturel élevé : il convient de se battre pour que les organisations lycéennes s'ouvrent davantage et soient le reflet de la diversité des lycées.
Cette diversité, une fois les organisations lycéennes de gauche devenues réellement démocratiques, permettra que ces organisations là soient enfin représentatives du monde lycéen et puissent se battre en toute connaissance de cause pour améliorer la situation des lycéens : qu'ils soient pauvres, riches, français, étrangers, en filière générale, en filière professionnelle, dans un lycée agricole, sans oublier les lycéens salariés. Il est plus qu'indispensable que des lycéens ayant des parcours très différents soient représentés dans les organisations lycéennes et soient entendus.
Devant les échecs des différentes politiques éducatives qui se succèdent depuis une dizaine d'années, nous devons voir le lycée dans sa globalité, condition indispensable à la construction d'une réforme du Lycée solide, cohérence et durable.
Une union syndicale de gauche doit être pour nous, l'occasion de réfléchir et de poser les bases de ce lycée durable qui permette réellement d'enrayer le problème de l'échec scolaire qu'il soit du à une orientation défaillante, à une difficulté d'adaptation, ou à un profond mal-être, le plus souvent aggravé par des difficultés sociales. Il est essentiel de nous de définir une approche nouvelle, innovante mais fidèle à nos convictions.
Ainsi, la démocratie interne ne peut être bafouée sans que l'on réagisse. Toute union des lycéens de gauche doit avoir la volonté de donner la parole aux lycéens : c'est en entendant ce que nos camarades ont à nous dire que l'on réussira à faire changer les choses. Je m'explique, si on décide d'organiser une union qui serait simplement basée sur un rapprochement des Bureaux Nationaux des différentes organisations sans entendre réellement l'avis des militants, sans écouter ce que les militants ont à dire et en prenant toutes les décisions sans les militants, cette union ne «servira» pas la cause des lycéens, des jeunes en général.
Les lycéens, s'ils ne sont pas entendus et que les décisions se prennent de manière autoritaire, ne se sentiront pas représentés par l'union et la rejetteront : ils auront bien raison.
Au contraire, il est beaucoup plus intéressant de construire une union démocratique composée de lycéens indépendants, syndiqués mais surtout engagés à faire vivre l'union : cette union devra laisser une grande place à la voix des lycéens ! Ces lycéens, s'ils sont responsables des avancées au lieu d'être uniquement des spectateurs muets, seraient beaucoup plus actifs, engagés et motivés à faire l'union et à lutter contre la politique libérale et destructrice du service public d'éducation puisqu'ils savent que le mouvement lycéen, ce n'est plus des personnes qui parlent dans un bureau à Paris, le mouvement lycéen, c'est eux !
Ainsi, il est important d'entendre des lycéens issus de toute la France et ayant des parcours différents pour que cette union soit plus qu'un rassemblement, plus qu'une juxtaposition, pour qu'elle soit solide, durable et efficace !
Une union démocratique et indépendante des lycéens de gauche a toutes les chances de fonctionner si les lycéens réussissent à comprendre que pour lutter contre la droite et pour faire l'union, il est parfois essentiel de faire des compromis. Des sociaux démocrates aux communistes, nous sommes tous d'accord pour dire nous ne pouvons plus accepter cette politique de casse du service public d'éducation, cet accroissement des inégalités, cette augmentation du communautarisme et surtout la remise en cause de l'égalité républicaine qui garantit à tout citoyen le droit de recevoir une éducation de qualité qu'importe l'endroit où il habite et son origine sociale.
Nous sommes de gauche, nous nous battons pour la même société : une société où chaque lycéen pourrait accéder à une éducation de qualité (qui ne soit pas différente selon qu'on soit à Henri IV ou à Clichy Sous Bois). Nous luttons tous pour l'égalité ! Se battre contre l’inégalité, c’est se battre contre la division. Mais égalité ne veut pas dire que tout le monde est identique. L’égalité c’est permettre à chacun de pouvoir s’émanciper, et d’exister en société. Pourtant, la remise en cause de ce principe est aujourd’hui sans égale. Réaffirmer et défendre au quotidien nos idées de démocratie, d'égalité et de liberté est au coeur de notre combat collectif.
Ce sont des valeurs qui nous rassemblent à gauche et qui doivent nous inciter à nous battre pour protéger notre école, notre éducation, notre société. C’est pour garantir que l’égalité soit une réalité à l’école que notre engagement prend sa force de conviction et d’action.
Ainsi, c'est par l'union des forces et des mouvements de gauche que l'on réussira à protéger notre éducation et à limiter les inégalités dans notre société. Il est temps de cesser les beaux discours, la démagogie, les argumentaires creux. Au contraire, il faut dès maintenant nous décider à retrousser nos manches et nous mettre au travail pour organiser une union solide et durable des lycéens se reconnaissant dans les valeurs de gauche. Cette union se fera uniquement si nous réussissons à nous entendre en définissant un programme commun, des revendications communes et surtout des propositions communes.
Il est temps de nous réunir, nous, syndiqués, indépendants, élus, militants, engagés en politique ou non. C'est en nous réunissant autour d'une table munis de stylos, de feuilles et de nos idées pour définir ce programme et ces propositions pour faire changer le lycée ! C'est en proposant une alternative à cette politique éducative que l'on réussira à faire changer notre éducation et notre société.
Protégeons notre éducation pour améliorer notre société : luttons pour une union syndicale démocratique et indépendante des lycéens de gauche.
Habib Bekhti, Élu CSE et Militant Lycéen
Sujet: Pour une union syndicale démocratique et indépendante des lycéens de Gauche 